02/04/2019
LES CHAISES d'Eugène IONESCO
THEATRE DE L'AQUARIUM
La Cartoucherie
route du Champ de Manoeuvre
75012 PARIS
(M° Château de Vincennes
puis navette gratuite)
LOC. 01 43 74 99 61
Pl. 22€ - T.R. de 12 à 15€
http://www.theatredelaquarium.net/
Du mardi au samedi à 20h
Dimanche à 16h
jusqu'au : 14 AVRIL 2019
Mise en scène : Bernard LEVY
avec : Thierry BOSC, Emmanuelle GRANGE,
Michel FOUQUET
Solitude à deux. Terminus, tout le monde descend !
Disons le tout de go - je n'ai jamais été fan de Ionesco ou de Beckett, leur constat étant pratiquement identique - absurdité de la vie, laquelle se suffit amplement à elle-même.
Cependant, " Les Chaises " pièce mise en scène par Bernard Lévy mérite bien plus que notre attention et ceux qui ont dit que la présente écriture constituait le chef-d'oeuvre de Ionesco ont incontestablement raison.
Chacun sait que les avant-gardistes ont coutume de se démoder plus vite que les autres, conséquence logique puisque voulant sortir des normes habituelles ils se mettent eux-mêmes à découvert.
Or les modes font généralement trois petits tours et puis s'en vont ... Pourtant, Ionesco tel le Pont-Neuf, tient toujours ! Peut-être à cause de cet " univers alogique et surréel des rêves et des fantasmes " qui eux, échappent au temps qui passe ?
Ici, deux nonagénaires vivent retirés sur une île ( raison pour laquelle sans doute ils ne se sont jamais quittés ) Vous connaissez le vieil adage : " pour vivre heureux, vivons cachés " …
A L'Aquarium ( le bien nommé en la circonstance ) une baie vitrée nous sépare d'emblée du couple - lequel se trouvant en vitrine - aiguise d'autant plus notre attention.
Pour eux, l'échéance approche, ils le savent et ont voulu convoquer les témoins de leur existence. Constat ultime d'une longue vie qui ne laisse que des chaises vides.
Afin que la démarche soit utile, ils ont également invité l'Orateur - bien visible quant à lui - lequel arrivera cramponné à son pied à perfusion, son rôle étant de transmettre le message à l'humanité entière.
Les trois protagonistes sont donc là pour clore cette
" farce tragique " bilan d'une double existence dont finalement il n'y a rien à dire ou presque, sinon que la femme nourrit à l'encontre de son époux une admiration aussi inconditionnelle qu'empreinte de naïveté.
Symboliquement des piles de journaux s'entassent au pied d'un mur rappelant tout ce qui s'est produit tout au long de leur vie. La notion de temps est devenue si relative que l'homme s'imagine que jadis " il faisait encore jour à minuit " car ajoute t'il, " plus on va, plus on s'enfonce " et la terre lui donne le tournis.
( photos : Régis Durand De Girard )
Le monde devient de plus en plus irréel, symbolisé par cette forêt de chaises que seule l'imagination peut encore combler.
Sémiramis ( La vieille épouse ) voit en son mari un chef incontestable, capable de l'être en tous les domaines s'il avait eu quelque ambition ! Il est donc passé à côté de son destin.
Or,comme il y a en chaque homme un enfant qui sommeille, le vieil homme pris d'un accès de désespoir sanglotera sur la perte irrémédiable de sa mère que l'épouse s'efforce en vain de remplacer.
Thierry Bosc est impressionnant dans ce rôle et son épouse ( également dans la vie ) Emmanuelle Grangé à la fois si forte et si vulnérable ne peut que déclencher une réelle empathie.
Qui sommes nous ? … Où allons nous ? … Quelle est l'utilité de la vie ? … la portée métaphysique de ces questions ne peut trouver sa conclusion que dans le dérisoire, lancinant et galiléen,
- " Et pourtant elle tourne " ! …
Simone ALEXANDRE
10:42 Publié dans THEATRE | Lien permanent