17/04/2015
Appels en absence de Sarah Ruhl
LUCERNAIRE
53, rue Notre Dame des Champs
75006 PARIS
(M° Vavin ou N.D.des Champs)
loc. 01 45 44 57 34
Pl. 25€ - T.R. 10 à 20€
- 26 ans : 10€
A 19h. du mardi au samedi
A 15h. le dimanche
jusqu'au : 9 MAI 2015
Traduction : Isabelle FANCHON
Mise en scène : Emily WILSON
avec : Nathalie BAUNAURE, Fiamma BENNETT, Yves BUCHIN, Dorli LAMAR, Audrey LAMARQUE ou Bernadette APPERT et Marc MARCHAND
Voici les beaux jours, période durant laquelle on aime se relaxer quelque peu à la terrasse d'un café en regardant les gens qui passent et en essayant de ne penser à rien.
C'est alors que se déchaîne un concert - que dis-je ? - une cacophonie de sonneries émanant des portables alentours.
C'est très irritant, d'autant que certains utilisateurs ont l'oreille dure et parlent fort. Cette invention du diable nous est tombée dessus au début des années 90 et depuis nous en usons et abusons de façon exponentielle. Mais comme d'évidence Sarah Ruhl a plus d'humour que votre servante, le fait lui a inspiré cette pièce à tendance onirique ...
( photo : Nicolas Simonin )
Jean ( une jeune femme installée dans ce café ) est agacée par les sonneries réitérées d'un cellulaire et va demander à son voisin de décrocher afin que cette nuisance cesse. Pas de chance, il est mort ! Et oui, ce sont des choses qui arrivent ou peuvent arriver. Que croyez vous qu'elle fit ? … Appeler les Secours semble être l'attitude qui s'imposait en priorité et bien non, elle va prendre le téléphone en question, décrocher et répondre.
Le mort pendant ce temps là reste par terre.
Pas très longtemps puisque les habitués du café vont le transporter sans attendre que les Secours arrivent ! ...
Ce n'est que le début de toute une série d'invraisemblances sorties tout droit de l'imagination d'une fille qui jusque-là, s'ennuyait.
Assisteriez-vous à l'enterrement de quelqu'un que vous ne connaissez pas ? Non, bien sûr. Ensuite, feriez-vous en sorte d'être invitée par la famille ? Pas plus, mais rien n'est rationnel en cette histoire et c'est sans doute ce qui en fait le charme.
Un mort qui tient assis sur un siège sans dossier, un bouquet de fleurs en mains, pour effectuer ensuite quelques pas de danse en compagnie d'une femme de son passé ou racontant sa dernière journée qui avait commencé par une envie de bisque de homard, c'est effectivement peu banal.
Pendant ce temps là, Jean entame une idylle avec le frère du défunt. Vous l'avez compris tout se passe dans cette tête un peu folle qui déraille. L'auteur (e) laquelle vient d'inventer ce personnage mythomane au possible, s'en donne à coeur joie !
Mais derrière le délire apparent se profile le constat d'une société qui collectionne les nuisances allant d'une utilisation inconsidérée des moyens techniques mis à disposition, jusqu'au trafic d'organes pratiqué par des êtres que l'on ne soupçonnerait pas. Drôle d'époque !
Heureusement pour nous qui assistons médusés à cette représentation dont les personnages se comportent de façon incroyable, les comédiens sont parfaits, les costumes agréables à voir et la mise en scène réglée avec précision.
Laissez vous donc surprendre en allant voir cette comédie totalement atypique et dont le discours est bien plus profond qu'il n'y paraît.
Simone Alexandre
17:40 Publié dans THEATRE | Lien permanent