05/03/2018
SEASONAL AFFECTIVE DISORDER de LOLA MOLINA
THEATRE LUCERNAIRE
53, rue Notre Dame des Champs
75006 PARIS
(M° N.D. des Champs)
LOC. 01 45 44 57 34
Pl. de 11 à 26€
Du mardi au samedi à 21h
jusqu'au : 31 MARS 2018
Mise en scène : Lélio PLOTTON
avec : Anne-Lise HEIMBURGER ( Dolly )
& Laurent SAUVAGE ( Vlad )
En fond de scène, un écran qui servira à illustrer les divers lieux traversés mais la première image évoque une pierre brute, sorte de rocher que l'on imagine dur comme le silex, froid comme lui également.
Vlad ( Laurent Sauvage ) nous communique sa mémoire d'outre-tombe - un gisant incroyablement debout nous parle … De son vivant cet homme s'était spécialisé dans la pratique du tatouage et ne se déplaçait jamais sans son matériel et puis un jour ou plutôt une nuit ( sans doute plus cafardeuse que les autres ) il a rencontré Dolly ( Anne-Lise Heimburger ) une gamine qui traînait les bars et l'attraction fut immédiate.
Une copine à elle vient de se suicider or comme elle était présente lors du drame, la police l'a convoquée en qualité de témoin mais elle ne s'est pas rendue au rendez-vous ce qui la met dans une situation scabreuse et la cavale à deux a commencé car malaise et panique ne s'expliquent pas.
Les taches de sang que Dolly avait dans la nuque sont encore moins explicables. Si on tue quelqu'un les éclaboussures ont lieu de face or elle tenait la porte coincée avec le pied …
Elle explique tout cela fébrilement à Vlad qui ne demande qu'à la croire car cet homme éprouve un irrésistible besoin de protéger cette femme encore enfant très " borderline " et poétesse de surcroît. Irrémédiablement, il est sous le charme !
De toute évidence, l'un et l'autre sont en crise alors pourquoi ne pas se rejoindre ? L'un et l'autre manquent d'argent alors pourquoi ne pas voler ce qui leur fait défaut ?
Une incroyable course en avant, complètement suicidaire va se déclencher avec la police aux trousses. L'issue n'était que trop prévisible …
( photos : Victor TONNELLI )
Le parti-pris de mise en scène est assez incroyable, volontairement décalé et finalement s'impose à nous comme une évidence, lumière apocalyptique et musique créant une atmosphère surréaliste.
Pourtant, il eut fallu fort peu de choses pour que leur existence se normalise, un toit par exemple au lieu de ces abris provisoires et un enfant bien sûr dont Dolly rêve de façon tellement compulsive qu'elle ira jusqu'à en kidnapper un.
L'état de nerfs excessif de Dolly est mis en valeur par l'apparente tranquillité de Vlad et les deux interprètes gèrent l'un et l'autre leur personnage respectif avec maestria.
Très curieusement, les spectateurs sont piégés par cette histoire dont ils connaissent pourtant l'issue mais devenant peu à peu aussi déraisonnables que ces deux là, ils se surprennent à espérer une impossible happy end. C'est une belle expérience que nous vivons là.
Ce spectacle a bénéficié du prix Lucernaire : Laurent Terzieff - Pascale de Boisson 2017 et mérite tout notre intérêt.
Simone Alexandre
13:29 Publié dans THEATRE | Lien permanent