07/10/2018
LA LEGENDE D'UNE VIE de Stefan ZWEIG
THEATRE MONTPARNASSE
31, rue de la Gaité
75014 PARIS
(M° Edgar Quinet)
LOC. 01 43 22 77 74
Pl. de 18 à 60€
http://www.theatremontparnasse.com/
Du mardi au samedi à 20h30
matinée le samedi à 17h
& le dimanche à 15h30
Version scénique : Michael STAMPE
Mise en scène : Christophe LIDON
avec Natalie DESSAY, Macha MERIL, Bernard ALANE,
Gaël GIRAUDEAU, Valentine GALEY
Le prolifique Stefan ZWEIG écrivit peu pour le théâtre.
On ne dénombre de lui que huit pièces dont cette " Legende eines Lebens " récemment traduite. ( le public français assistant le plus souvent à l'adaptation de ses nouvelles )
Comme toujours chez cet auteur l'étude approfondie des caractères prend le pas sur l'action elle-même.
N'oublions pas qu'il était ami de Sigmund Freud et que les deux hommes nourrissaient une estime réciproque. Ici en une démarche typiquement freudienne nous assistons à l'exécution posthume du père, ce qui permettra au fils de se réaliser sinon en tant qu'auteur du moins en tant qu'homme.
L'action se déroule dans les environs de Vienne en 1919 dans la demeure du grand poète : Karl Franck - devenu célébrité nationale - dont la veuve entretient jalousement le souvenir.
Le décor géométrique volontairement atemporel évoque la froideur d'un mausolée.
Jadis, des lectures étaient ponctuellement organisées sur place et Léonor qui depuis la disparition de son époux règne sur les lieux en autocrate a voulu remettre au goût du jour cette petite cérémonie en faveur du fils, Friedrich, qui écrit lui aussi mais se serait volontiers soustrait à cette obligation qui le met très mal à l'aise ...
L'ami de la famille, Hermann Bürsten, biographe du grand homme essaie de convaincre Friedrich de l'utilité de la démarche.
La soeur, Clarissa von Wengen qui s'est mariée il y a quelque temps déjà en dépit des enfants qui l'attendent est venue tout exprès encourager et applaudir les écrits de son frère qui joue ici les albatros ...
Tout se met en place tant bien que mal quand une figure du passé fait brusquement son apparition.
Il s'agit de Maria Folkenhof disparue depuis longtemps et dont la quasi résurrection changera le sort du jeune homme.
Ce rôle est interprété de façon magistrale par Macha Méril. Son personnage a la sérénité des êtres qui ont su avec philosophie accepter l'inacceptable.
Natalie Dessay, femme hier négligée par un époux qui vivait pour lui et pour son oeuvre sans se soucier de son entourage, a pris en main la direction de sa vie et accessoirement celle des autres … une fois ce dernier disparu.
Gaël Giraudeau, qui ici traîne derrière lui l'ombre écrasante de son père interprète avec beaucoup de sensibilité le rôle de Friedrich.
Bernard Alane parfait dans ce personnage du biographe complice de Léonor Franck nous fait part de ses états d'âme et de sa volonté de rétablir la vérité.
Enfin, Valentine Galey est Clarissa, la soeur de Friedrich sa confidente et la seule oreille compréhensive qu'il eut jusqu'alors à disposition.
( photos : tous droits réservés )
La mise en scène de Christophe Lidon est vive, mettant en branle une action qui sans son talent eut pu sembler pesante tant le destin des personnages était lourd à porter.
Le texte en la version scénique de Michael Stampe paru à l'Avant-Scène est en vente au théâtre et sera pour beaucoup le prolongement idéal à cette belle soirée.
Simone ALEXANDRE
21:04 Publié dans THEATRE | Lien permanent