26/09/2019
La fin de l'homme rouge d'après Svetlana Alexievitch
Théâtre des Bouffes du Nord
37 bis, boulevard de la Chapelle
75010 PARIS
(M° La Chapelle)
LOC. 01 46 07 34 50
Du mardi au samedi à 21h
Durée du spectacle : 1h50
jusqu'au : 2 OCTOBRE 2019
D'après le roman de Svetlana Alexievitch
Prix Nobel de littérature 2015
Traduction : Sophie Benech
Mise en scène et adaptation : Emmanuel Meirieu
avec : Stéphane Balmino, Evelyne Didi, Xavier Gallais, Anouk Grinberg, Jérôme Kircher, André Wilms,
Maud Wyler et la voix de Catherine Hiegel
L'espace scénique fait penser à certaines images représentant Berlin après les bombardements alliés.
Vision apocalyptique d'un monde broyé, réduit à néant, presque rayé de la carte du monde. Si la capitale allemande avait sans nul doute mérité son sort, devons nous en conclure que l' Union soviétique tout entière aurait mérité pareil traitement ?
Certains témoignages nous inciteront à raisonner en ce sens. Pourtant Emmanuel Meirieu respectueusement, ne prend jamais parti.
Quant à l'auteur : Svetlana Alexievitch, celle ci s'est ingéniée à recueillir un maximum de témoignages afin que ce qui s'est passé ne soit pas oublié.
Comme toujours, l'idée de départ était belle, son but se voulait noble et généreux. Après les oppressions tsaristes, l'objectif était de faire de la Russie " le Royaume des Cieux sur la terre " or ce n'était que théorie bien sûr et la mise en application devait s'avérer de plus en plus contraire au rêve initial car l'homme est ainsi fait : idéaliste puis envieux, égoïste et d'un autoritarisme dévastateur.
Après la magistrale présentation de Catherine Hiegel dont la voix nous prend littéralement aux tripes, sept personnages vont apporter chacun leur témoignage, leur dramatique vécu, narrer pour nous ces épreuves traversées, cette presque constante envie de changement qui porte l'humanité à souhaiter le meilleur pour aboutir trop souvent au pire.
Debout, derrière ce micro qui amplifie le moindre souffle, chaque interprète va évoquer une époque qui prendra chair, revivra sous nos yeux.
Tour à tour moments d'exaltation intense ou désespoir farouche, ces hommes et ces femmes vont s'exprimer, suppliciés du Goulag, victimes de Tchernobyl, bourreaux et victimes se dressant face à nous simples témoins compatissants et cependant embourgeoisés car si de 1789 à 1917 les mentalités différaient déjà, les sentiments évolutifs ont depuis fait leur oeuvre ...
Ceux qui ont vu le film de Wolfgang Becker : " Good bye, Lenin ! " ont eu un aperçu de la trace laissée par ce que l'on nomme l' Histoire une fois la page tournée. Ce n'était comparativement ( pardonnez l'expression ) que simple amuse-gueule car ici les victimes se dissèquent au scalpel.
Que vous pratiquiez rétrospectivement ou non l' " anti-communisme primaire " - comme on disait jadis - ou que vous nourrissiez le regret d'une utopie ratée, ne manquez pas de prendre le chemin qui mène aux Bouffes du Nord car ce moment est aussi âpre que nécessaire puisqu' au plus haut point enrichissant.
Les comédiens qui s'impliquent tous ici, corps et âme le prouvent bien et peut-être ressortirez vous du lieu avec cette flamme disparue dans les yeux ?
Simone ALEXANDRE
10:38 Publié dans THEATRE | Lien permanent
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