03/06/2019
Mademoiselle Julie d'August Strindberg
THEATRE de L'ATELIER
1, Place Charles Dullin
75018 PARIS
( M° Anvers )
LOC. 01 46 06 49 24
http://www.theatre-atelier.com/
du mardi au samedi à 19h
dimanche à 15h
Durée : 1h20
jusqu'au : 30 JUIN 2019
Traduction : Terje Sinding
Mise en scène : Julie Brochen
avec,
Anna Mouglalis : Mademoiselle Julie
Xavier Legrand : Jean
Julie Brochen : Kristin
" Tragédie naturaliste " c'est ainsi que l'auteur qualifiait sa pièce ; drame expressionniste répondront certains et ce texte fera scandale à sa sortie, sera même boudé par les directeurs de théâtre suédois durant 20 longues années.
La forme d'expression de Mademoiselle Julie cette moderne amazone, dérangeait en cette fin de XIX ème siècle !
Or le féminisme était à l'ordre du jour mais Strindbergh s'opposera violemment à ce mouvement et à Ibsen en particulier en écrivant la même année que Mademoiselle Julie ( 1888 ) une parodie de " Maison de Poupée " intitulée " Camarades ".
L' intention de Strindberg était de mettre en scène ce
" combat des cerveaux " , lutte des classes et des sexes qui finira en meurtre psychique car avant Antonin Artaud, c'est un théâtre de la cruauté qu'il développe ici, lui le disciple de Kierkegaard, également grand admirateur de Nietzsche.
Anna Mouglalis interprète le rôle-titre en prêtant au personnage son timbre de voix si particulier, d'une gravité surprenante qu'auraient pu lui envier bien des tragédiennes du début du siècle dernier. Sa haute taille vient conforter l'impression qu'elle donne de jeune femme dominatrice qui s'efforce de surmonter toutes ses failles …
Après la disparition de la mère, le père de Mademoiselle Julie restait seul face à cette sauvageonne capricieuse qui jouait au garçon manqué. Ce n'est certes pas par hasard si la metteur en scène : Julie Brochen eut l'idée d'intercaler les textes chantés par Gribouille à la voix grave - elle aussi - et d'un expressionnisme tout particulier.
" Dieu Julie " revêt une étrange coïncidence même si certains pourront se déclarer dérangés par la curieuse compétition qui intervient entre le texte de Strindberg et la chanteuse au destin tragique.
Xavier Legrand est Jean, ce laquais ambitieux qui rêve d'une autre vie tout en faisant reluire les bottes du comte. Napoléon disait qu'il faut prendre appui sur l'obstacle pour le surmonter et c'est exactement ce qu'il fera jusqu'au machiavélisme.
Enfin, Julie Brochen est Kristin à qui notre metteur-en-scène / interprète fournit sa belle solidité et sa logique, faisant contraste avec ces deux funambules qui jouent leur va-tout en l'espace d'une nuit.
La règle des trois unités est ici en cette pièce ( la plus courte des 58 écrites par l'auteur ) rigoureusement respectée. Il est une autre règle qui cependant sera volontairement enfreinte tout à la fin, mais je ne puis vous préciser laquelle, à vous d'aller sur place le constater.
Simone ALEXANDRE
19:13 Publié dans THEATRE | Lien permanent
Les commentaires sont fermés.