19/11/2018
La Ronde d'Arthur Schnitzler
THEATRE 14
20, avenue Marc Sangnier
75014 PARIS
(M° Porte de Vanves)
LOC. 01 45 43 25 48
Pl. 25€ - T.R. 18€
-26 ans : 11€
Lundi à 19h
du mardi au vendredi à 21h
matinée samedi à 16h
jusqu'au : 31 DECEMBRE 2018
Durée : 1h40
Mise en scène : Jean-Paul TRIBOUT
assisté de Xavier SIMONIN
( photos : LOT )
avec,
Léa DAUVERGNE : la soubrette
Marie-Christine LETORT : La femme mariée
Caroline MAILLARD : la grisette, la fille
Claire MIRANDE : la comédienne
Florent FAVIER : le fils de famille
Laurent RICHARD : le mari
Xavier SIMONIN : le soldat, le comte
Jean-Paul TRIBOUT : l'auteur
Alexandre ZERKI, musicien
Décors : Amélie TRIBOUT - Costumes : Sonia BOSC - Lumières : Philippe LACOMBE
De même que la terre tourne autour du soleil, l'être humain se souvenant de la mésaventure d'Icare tourne autour de l'Amour, tout à la fois attiré mais réticent à trop s'en approcher, par peur de la fusion qu'il considère risquée voire même destructrice et quand il s'y jette - ô contradiction ! - c'est alors à corps perdu.
N'oublions pas qu'Arthur Schnitzler était médecin et qu'il a constaté à maintes reprises les conséquences de certains rapprochements humains. Donc les relations si risquées soient elles seront certes multiples mais brèves. Ajoutez à cela une similitude de pensée avec Freud et vous tenez l'explication de ces éphémères rencontres.
La Ronde met en scène des personnages d'âges différents, de condition sociale différente que le hasard réunit.
Ecrit en 1896, ce texte jugé trop sulfureux fut interdit de publication et la pièce ne fut jouée à Berlin qu'en 1920 où elle déclencha un beau scandale suivi d'un procès.
Parler aussi librement de la sexualité, de l'antisémitisme ou critiquer l'armée ne pouvait être bien vu par l'Empire Austro-Hongrois or les écrits de cet auteur faisaient bien plus que tourner autour de ces thèmes là.
Fils d'un éminent laryngologue, Arthur Schnitzler ne devint écrivain qu'après la mort de son père., c'est à dire arrivé à l'âge de 31 ans. Durant toute sa vie il a rédigé un journal intime qu'il considérait comme " une hygiène personnelle " car ce sceptique était un être résolu et notait dès 1879 que jamais la Science ne pourrait représenter pour lui autant que l'Art.
Il écrivit donc 35 pièces de théâtre sans compter les romans, nouvelles ou autres aphorismes lesquels ne furent publiés qu'après sa mort.
Mais laissons nous emporter par cette irrésistible Ronde où le désir les entraîne tous en un tourbillon frénétique à l'issue duquel un invisible Deus ex machina coupera d'un coup sec le fil reliant ces marionnettes humaines en pleine apogée du plaisir.
Jean-Paul Tribout a mis en scène ces dix tableaux avec un rythme et une élégance dignes de servir un Crébillon ( le fils, bien sûr ) dont Schnitzler est ici l'incontestable héritier.
Les comédiens ( le metteur en scène fait lui-même partie de la distribution ) rivalisent tous de brio. Je voudrais toutefois décerner une mention spéciale à Florent Favier dont la fantaisie fait merveille et saluer le décor réalisé par Amélie Tribout lequel est à la fois fonctionnel et d'un goût très sûr.
Bref, un excellent moment vous attend si vous décidez de prendre le chemin qui mène au théâtre 14 car si l'action se déroule à Vienne au début du Vingtième Siècle, nous n'oublions pas que la France était jusqu'à ces dernières décennies le pays réputé pour sa joie de vivre et sa tolérance avant qu'un puritanisme rampant puis galopant ne s'impose à grand renfort de " me too " pour le moins rétrospectifs.
Simone ALEXANDRE
12:31 Publié dans THEATRE | Lien permanent
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