18/04/2018
Au Royaume des Femmes d'Anton Tchekhov
Le Guichet Montparnasse
15, rue du Maine
75014 PARIS
M° Montparnasse-Bienvenue, Edgar Quinet, Gaité
LOC. 01 43 27 88 61
Pl. 20€ - T.R. 15€
http://www.guichetmontparnasse.com/
Vendredi et samedi à 19h
Dimanche à 15h
jusqu'au : 13 MAI 2018
Traduction : Edouard PARAYRE (Ed. Gallimard)
Mise en scène : André OBADIA & Pascale BOUILLON
avec : Pascale BOUILLON
En parlant de Tchekhov, Tolstoï disait,
- " Il est un des rares dont on a envie de lire les nouvelles une seconde fois. "
Or la phrase revêt un formidable impact lorsque l'on apprend qu'Anton Pavlovitch n'a pas écrit moins de 650 nouvelles ! ! ! ... ( de quoi occuper quelques soirées )
Textes à l'origine, faits pour être lus et non dits mais auxquels Pascale Bouillon apporte toute son énergique fantaisie afin que les personnages évoqués vivent sous nos yeux.
Suivons donc l'ordre chronologique de ces sélections.
Tout d'abord,
- Polinka,
L'action se déroule dans une mercerie où la jeune fille est allée quérir des fournitures pour sa mère, couturière de son état. Comme à l'accoutumée, elle demande à être servie par Nicolaï qui semble prêter à cette jeune personne un intérêt tout particulier. Ne lui reproche t'il pas de faire les yeux doux à un étudiant, prédisant que si elle cède à ce dernier, il finira par l'abandonner ? Après quelques échanges assez vifs et à voix basse pour ne pas être entendus de la clientèle, Polinka mettra fin à l'entretien de façon abrupte.
La comédienne se réfugie quelques instants derrière le paravent pour troquer sa seyante robe imprimée dont la coupe la met parfaitement en valeur, pour une autre de même style mais de teinte différente.
Afin de situer cette nouvelle action, on entend retentir les douze coups de minuit …
- L' Epouse,
Nous voici cette fois au domicile d'un médecin, marié depuis 7 ans ( chiffre fatidique diront certains) dont l'épouse Olga tarde à rentrer. Or ce n'est pas la première fois que cela se produit car bien souvent elle ne regagne le domicile conjugal qu'à l'aube ce, sans l'ombre d'un complexe !
Soupçonneux, excédé ( on le serait à moins ) l'époux incapable de s'endormir a fouillé les lieux et trouvé un télégramme destiné à sa femme, rédigé en anglais mais qu'il a fini par décrypter …
Une fois de retour, Olga qui a visiblement l'intention de repartir au plus vite exige de récupérer son passeport ; c'est alors que le mari déclarera ceci,
" Je te délivre de l'obligation de feindre et de mentir. Si tu aimes cet homme, aime-le : si tu veux aller le rejoindre à l'étranger, vas-y. "
Mais la dame n'entend pas les choses de cette oreille car elle ne veut surtout pas risquer de troquer la proie pour l'ombre, sachant parfaitement que son amant la laissera tomber à plus ou moins brève échéance.
Mais laissons les époux à leurs démêlés intimes ...
Nouveau et bref séjour derrière le paravent.
Pascale Bouillon reparaît toujours aussi élégante.
- Zinotchka,
Quelques chasseurs lors d'un bivouac eurent l'idée de narrer ce que fut leur premier amour. Pétia quant à lui a choisi d'exposer sa première haine. ( démarche aussi originale qu'inattendue.) Nous apprenons alors comment jadis, ce sale gamin a voulu faire chanter son frère Sacha et la gouvernante dont l'aîné était tombé amoureux.
Les ayant dénoncés, Zinotchka qui n'était pas un parti pour le fils de la maison fut congédiée, ce qui ne l'a nullement empêchée de devenir par la suite, sa belle soeur … Imaginez le regard qu'elle lui destine quand il rend visite à son frère !
Dernière tranche de vie ,
- Le récit de Melle X.
Retour d'une balade à cheval sous la pluie.
En dépit de l'aspect lamentable de Natalia, Piotr décide de se déclarer ; or la jeune femme est riche, de haut rang alors que lui est un obscur petit juge, pauvre de surcroît. Réalisant le fait, la demande officielle ne sera jamais formulée. Neuf ans plus tard, le juge vient toujours rendre visite à Natalia et ils sont toujours seuls l'un et l'autre.
C'est toujours le sens de l'observation qui prévaut chez Anton Tchekhov, " ce joyeux mélancolique " disait de lui cet autre nouvelliste : Vladimir Korolenko.
En effet, qu'il s'agisse de simples nouvelles ou de son théâtre proprement dit, Tchekhov pose un regard tout à la fois subtil et lucide, voilé d'une ombre de fatalisme sur tout et sur tous. Ce qui fait tout le charme de ses écrits …
Heureuse initiative que celle qui a permis à André OBADIA et Pascale BOUILLON de joindre leurs efforts pour mettre au point cette mise en scène sobre mais précise destinée à mettre en valeur ces textes que nous découvrons ici. Ajoutez à cela la palette d'expressions variées de l'interprète et vous passerez un moment très agréable si vous décidez de prendre le chemin qui mène au GUICHET MONTPARNASSE.
Simone Alexandre
09:36 Publié dans THEATRE | Lien permanent
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