16/04/2018
LE MONTE-PLATS de Harold PINTER
LUCERNAIRE
53, rue Notre Dame des Champs
75006 PARIS
(M° N.D. des Champs)
LOC. 01 45 44 57 34
Pl. de 11 à 26€
Du mardi au samedi à 18h30
Dimanche à 15h
Mise en scène : Etienne LAUNAY
avec : Benjamin KUHN, Simon LARVARON, Bob LEVASSEUR, Mathias MINNE
Le monte-plats fut la seconde pièce écrite par Harold Pinter en 1957. Gageons qu'elle a dû en dérouter plus d'un ! C'était un nouveau style théâtral qui s'éloignait du concret auquel les spectateurs étaient alors habitués. Maintenant plus rien ou presque ne nous surprend au théâtre. Est-ce la raison pour laquelle ( pardonnez l'expression ) le metteur en scène, Etienne Launay a voulu " corser l'affaire " ?
En effet, l'auteur jouant volontiers de l'imprécision dans le sens elliptique du terme, pourquoi ne pas doubler les personnages ? ... Il y aura donc 2 Ben et 2 Gus, qui à un rythme serré, se donneront la réplique en s'intercalant. Le spectateur dérouté se dit qu'il n'y comprend plus rien mais c'était le but, bien sûr.
Aussi essayons de résumer la situation. Ces hommes - dont le passé restera pour nous inconnu - sont des tueurs à gage qui ponctuellement ( au rythme d'une mission par semaine ) exécutent dans tous les sens du terme ce qui leur a été indiqué. Ensuite, ils rentrent chez eux jusqu'à la fois suivante ...
Ben, qu'il s'agisse du Ben-1 ou du Ben-2 est plus déterminé que Gus-1 & 2 mais apparemment c'est lui qui est censé mener l'opération car c'est lui qui a reçu les instructions de ce mystérieux commanditaire ( qui ne paraîtra jamais ) il est donc seul à décider de la suite pourtant prévue.
En attendant, Ben lit un journal tandis que Gus plus nerveux, va et vient, essaie vainement de préparer le sacro-saint thé britannique et déplore le mauvais fonctionnement de la chasse d'eau alors que son seul souhait serait d'assister à un match de foot.
En guise de précision, tout ce qu'il obtiendra de Ben sera le nom de la ville où ils sont, Birmingham ; quant au lieu précis où ils se trouvent ? ... il semble que ce soit le sous-sol d'un restaurant désaffecté mais alors qui donc expédie ces commandes arrivant par le monte-plats ?
Cette histoire apparemment absurde est complètement tordue et la plupart des spectateurs déroutés s'épuiseront à trouver une explication rationnelle. Aussi et contrairement à mes habitudes, vous conseillerai-je de ne pas trop chercher à démêler le pourquoi du comment : laissez vous porter, d'autant plus facilement que les comédiens sont tous les quatre formidables ; les réflexions ou simples questions viendront d'elles mêmes ensuite, quand ce sera fini.
Ne vivons nous pas dans un monde où beaucoup de choses nous échappent ? Qui peut se vanter d'être seul à conduire sa vie ? Si demain un ou plusieurs chefs d'Etat décident d'entrer en guerre, mêmes si nous sommes des pacifistes convaincus, que pourrons nous faire sinon subir ?
( photos : Pierre-Louis LAUGERIAS )
Certes, il existe des façons plus honorables de gagner sa vie mais nos tueurs savaient que le seul moyen pour eux était d'appuyer sur la gâchette en premier. C'est monstrueux mais c'est ainsi. Même si Le monte-plats au moment où il fut écrit ne constituait que le galop d'essai d'un jeune auteur, c'est cependant ce texte qui est le plus souvent joué. Il y a donc forcément une raison alors, allez y !
Simone Alexandre
11:33 Publié dans THEATRE | Lien permanent
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