07/12/2017
FEYDEAU (X) Amour et piano - par la fenêtre - Fiancés en herbe.
LUCERNAIRE
53, rue Notre Dame des Champs
75006 PARIS
(M° N.D.des Champs)
Loc. 01 45 44 57 34
Pl. de 11 à 26€
Du mardi au samedi à 20h
Le dimanche à 17h
jusqu'au : 21 JANVIER 2018
3 PIECES EN UN ACTE de Georges FEYDEAU
mise en scène : Thierry HARCOURT
avec Basile Alaïmalaïs, Sébastien Baulain, Laurence Facelina, Mathilde Hancisse, Nina Poulsen, Louis-Victor Turpin.
et en alternance : Marc Maurille et Antoine Paulin
Et le Lucernaire de perdurer dans sa programmation d’œuvres à découvrir.
Avec « Feydeau (x) », c’est une fois de plus une réussite tant l‘enthousiasme de la jeune équipe qui s’épanouit dans ces trois courtes pièces, dites de jeunesse, du délicieux Georges est visible, et contagieux.
« Amour et piano », écrite en 1883, Feydeau a 21 ans, comme « Par la fenêtre » écrite un an plus tôt, jouent sur un effet que l’auteur reprendra souvent dans sa carrière à venir, qui est le quiproquo.
On connait depuis longtemps le ressort comique des situations ainsi rendues confuses pour les personnages, quand tout semble être limpide pour le spectateur.
Qui dira le travail qui est nécessaire à l’auteur pour trouver les mots et les situations qui rendront tout cela vraisemblable ?
Feydeau y parvient sans paraître rencontrer de difficulté, et c’est épatant, pour citer une formule rendue populaire par Jean d’Ormesson.
Si certains auteurs classiques, usant de ce ressort comique, en abusent et l’étirent jusqu’à l’assommant, Feydeau a bien compris, et très tôt, car c’est alors un jeune homme âgé d’à peine plus de vingt ans !, qu'il lui fallait écrire serré, et que même en multipliant les rebondissements propres à entretenir le caractère faux de la situation, il convenait de savoir jusqu’où ne pas aller trop loin.
C’est ce caractère nerveux, tendu, qui donne à son écriture sa vie, sa vivacité, son comique. Tout va très vite, et ses personnages, pour falots ou assez peu doués d’intelligence, parfois, qu’ils soient, ont le plus souvent un côté plutôt émouvant.
On rit des situations, pas des personnages, et cette tendresse que l’auteur fait passer procure au spectateur un sentiment d’aisance. Il n’y a pas de vrais méchants chez Feydeau, juste de franches et sympathiques andouilles qui finissent toujours par manger leur chapeau, mais avec bonhomie, presque en souriant d’eux-mêmes.
« Fiancés en herbe » met en scène deux enfants qui se déclarent leur flamme, avec les attitudes propres à cet âge, les contradictions créées par les rapports de famille, les espoirs.
( photos : Mirco Meglioca )
Parce que les relations hommes-femmes se définissaient alors presque exclusivement au travers du mariage, le sinistre conjugo, il en est fortement question dans chacune de ces trois œuvres courtes, et l’intelligence de Nouvelle Scène qui présente ce spectacle est de nous renvoyer, avec ce choix de pièces, trois images de l’amour, dans des formes un peu surannées ( nous sommes à la fin du XIX ème.siècle ) mais au travers desquelles nous pouvons encore trouver ou retrouver des passerelles avec le temps présent. En gros, Feydeau nous dépeint des situations éternelles !
On pourra reprocher à Thierry Harcourt qui assure la mise en scène de ce charmant spectacle de faire inutilement donner de la voix à ses comédiens ( c’est hélas ! un travers courant ), mais pas la précision avec laquelle il place ses personnages, car grande est la difficulté d’occuper un large plateau de scène quand on n’est que deux, et qu’il faut feindre l’intimité du foyer.
Dans une distribution très homogène et enjouée, chacun des jeunes comédiens tient son rôle avec la dinguerie requise, et le vif succès remporté aux saluts est amplement fondé et juste.
Pour les fêtes, et jusqu’au 21 janvier ( date qui eût amusé l’auteur…) il convient d’aller se réjouir avec ce « Feydeau (x) » là.
© Frédéric Arnoux
14:21 | Lien permanent
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