09/01/2017
Le Moche de Marius von Mayenburg
Théâtre de l'Atalante
10, place Charles Dullin
75018 PARIS
(M° Anvers)
Loc. 01 46 06 11 90
Pl. de 8 à 20€
http://www.theatre-latalante.com/
Du 4 au 29 Janvier 2017
les : lundi, mercredi et vendredi à 20h30
jeudi et samedi à 19h
dimanche à 17h.
Relâche le mardi
Traduction : Hélène Mauler et René Zahnd
L'Arche éditeur
Mise en scène : Nathalie Sandoz
avec Nathalie Jeannet, Guillaume Marquet, Gilles Tchudi et Raphaël Tschudi
En une époque où le paraître a pris le pas sur l'être, il n'est pas étonnant que la chirurgie esthétique constitue " la solution " pour certains d'entre nous.
Solution de surface bien sûr mais pour ceux qui ont les moyens de s'offrir cette coûteuse démarche, pourquoi pas ? …
Or ce n'est peut-être qu'une façon de remplacer un problème par d'autres ? …
Ici, notre héros n'y aurait pas pensé seul car jusque là il n'était préoccupé que de ses recherches en matière de connecteur à courant fort. Qu'est-ce au juste ? …
J'avoue mon incompétence en ce domaine mais les inventeurs sont précisément là pour savoir et mettre en oeuvre ce que nous ignorons.
Donc Lette s'apprête à présenter le résultat de ses travaux à un congrès qui devrait avoir un impact international.
Or voilà qu'au dernier moment, il découvre que ce n'est plus lui qui doit animer la conférence en question mais son assistant Karlmann. Incompréhension, indignation, révolte ! La raison ? Son physique est impossible et risque de dissuader l'auditoire …
Qu'à cela ne tienne ! Lette est un homme d'action ce qui l'amènera à prendre rapidement la décision qui s'impose, à savoir : se faire refaire complètement le visage.
Son épouse ne peut que l'encourager, elle qui vient de lui avouer qu'elle l'a toujours trouvé " incroyablement moche " (sic)
En conséquence, Karlmann se retrouvera relégué en son rôle habituel, c'est à dire au second plan et Lette transformé en Apollon se produira un peu partout ne tardant pas à avoir une armée de femmes émerveillées et disponibles à ses basques.
Là, je vous laisse découvrir la suite et ses conséquences.
Guillaume Marquet qui joue le rôle de Lette, en dehors de l'épisode durant lequel il est converti en momie ne fera pas preuve d'une grande transformation physique mais sa transformation mentale elle, sera évidente.
Nathale Jeannet sa tendre épouse se transformera en septuagénaire relookée et lubrique de même qu'elle symbolisera toutes les conquêtes à venir de ce tout nouveau Don Juan.
Raphaël Tschudi sera successivement Karlmann ( l'assistant qui attend sa revanche ) également, le fils homosexuel de la vieille dame indigne et heureuse de l'être, qui grâce à ce même chirurgien paraît la moitié de son âge.
Enfin Gilles Tschudi est le patron tyrannique de Lette ainsi que le non moins tyrannique chirurgien qui grisé par le résultat fabriquera des clones à la chaîne.
La mise en scène réalisée par Nathalie Sandoz procure la note indispensable de drôlerie permettant à ce texte âpre au possible de nous distraire malgré tout.
Car si l'on veut bien réfléchir au problème, ce monde là existe bel et bien, hélas.
L'argent et le Pouvoir qu'il engendre régissent notre monde.
Le processus d'aliénation qui en découle entraîne certains aux limites de la folie. Cette pièce a donc valeur d'électrochoc.
Rassurez-vous, la fin sera plus " soft " puisque dérivant vers un narcissisme consolateur … ( ceci pour ceux qui redouteraient le miroir tendu par l'auteur.)
Ultime précision : quelques uns, habituellement mal dans leur peau le seront sans nul doute beaucoup moins après avoir vu cette pièce.
Simone Alexandre
21:22 Publié dans THEATRE | Lien permanent
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