30/09/2014
Le Prince de Laurent Gutmann, d'après Machiavel
211, avenue Jean Jaurès
75019 PARIS
(M° Porte de Pantin - Parc de la Villette)
Loc. 01 40 03 72 23
DU 23 SEPTEMBRE
au 8 OCTOBRE 2014
du mardi au samedi : 20h
le dimanche à 16h.
Mise en scène et scénographie : Laurent Gutmann
avec : Thomas Blanchard, Cyril Dubreuil, Maud Le Grévellec, Shady Nafar, Pitt Simon
Deux figures à la fois historiques et littéraires connaissent un sort identique. Je veux parler ici de Sade et Machiavel, victimes l'un et l'autre de leur réputation et encore plus, du non approfondissement de leurs textes.
Laissons le premier à la place qu'il s'est lui-même assignée mais concernant le second, rappelons que tout énarque digne de ce nom devrait connaître ces préceptes par coeur, afin d'éviter les écueils qui guettent toute ambition politique.
Vous objecterez sans doute que le style des écrits n'ayant pas moins de 500 ans n'est pas d'un accès facile, raison de plus pour rendre hommage à Laurent Gutmann, lequel a transformé ce texte austère en divertissement ludique tout en restant strictement fidèle au message de l'auteur.
Imaginez un stage auquel vont se soumettre trois politiques en herbe, à qui il sera demandé de gérer ab abrupto, la situation qui les attend.
" C'est au pied du mur que l'on voit le maçon " précise un vieux dicton populaire.
Sans être partisans de l'Ancien Régime, on se dit que nos rois étaient peut-être un peu mieux préparés à la fonction que nos ambitieux actuels …
Une voiture symbole de réussite ressemblant étrangement à un suppositoire cassé, fera office de carrosse et de trône par la même occasion.
Les candidats sont reçus par une assistante active, la doctrine étant confiée à un personnage en costume d'époque, musicien de surcroît. Signalons que Cyril Dubreuil est remarquable dans ce rôle.
Bien entendu, de nombreux cas de figure seront évoqués et il faudra que nos postulants trouvent la bonne réponse pour ne pas faire figure de " maillon faible " et être éliminés (au moins pour un temps)
C'est drôle, inattendu et porteur d'expérience. Et puis quand vous aurez vu le spectacle vous pourrez enfin faire référence à Machiavel sans avoir l'air de vous vanter. Pour ma part, j'ai replongé dans le texte qui, dois-je l'avouer, m'est souventes fois tombé des mains, en me disant " cette fois, au moins, je suis parée ! "
Simone Alexandre
( photos : Pierre Grobois )
16:07 Publié dans THEATRE | Lien permanent
29/09/2014
Deux hommes tout nus de Sébastien Thiéry
19, Rue de Surène
75008 PARIS
(M° Madeleine)
Loc. 01 42 65 07 09
Pl. de 10 à 57€ selon catégorie.
A partir du : 16 SEPTEMBRE 2014
Du mardi au samedi à 20h.30
Matinée samedi à 16h,
Dimanche à 15h
Une pièce de Sébastien Thiéry
Mise en scène par Ladislas Chollat
avec François Berléand, Isabelle Gélinas, Sébastien Thiéry et Marie Parouty
La pièce commence par une projection habile : vue plongeante sur des immeubles haussmanniens afin que le spectateur s'imprègne du milieu social dans lequel l'action va se dérouler. Ce sera la seule explication logique que ce dernier aura à se mettre sous la dent car tout le propos qui suivra dérapera de façon délibérée dans le burlesque de situation pour ne pas dire l'abscons absolu.
Pour illustrer ce vaudeville du XXI ème siècle, nous récupérons les trois personnages classiques, le mari, l'amant et l'épouse dans l'ordre d'entrée en scène mais également dans le désordre ... à savoir que rentrant au domicile conjugal la femme (Isabelle Gélinas) pourra s'exclamer,
" Ciel, mon mari … avec un autre homme ! "
Nous spectateurs avons déjà fait connaissance avec eux en la personne d'un Sébastien Thiéry dans le plus simple appareil et de François Berléand à la recherche de sa dignité, drapé dans son drap de lit, en une posture de sénateur romain.
Le problème est que ni l'un ni l'autre ne comprennent ce qu'ils font là, puisque victimes d'une amnésie collective ...
Or chacun sait que plus une situation nous échappe et plus on s'enferre à vouloir l'expliquer. C'est exactement ce qui adviendra par le biais de dialogues complètement ineptes et d'explications aussi lourdes que dingues.
Le public assez désorienté rit plus par confusion que par adhésion au texte, lequel sombre dans le n'importe quoi au moment de la scène d'investigations téléphoniques et trouve d'un goût plus que douteux, la découverte appuyée de préservatifs usagés sur scène ...
Mais bon ! la fin qui n'en est pas une nous réconciliera avec l'auteur auquel nous prêterons un souhait de perception au second degré, car finalement tout cela n'était peut-être que l'évocation d'un fantasme ?
François Berléand est parfait dans ce rôle pourtant scabreux et ses partenaires n'ont pas à rougir de la réplique qu'ils lui donnent.
La mise en scène de Ladislas Chollat tient parfaitement la route, quant aux petits canards figurant sur l'affiche, je vous en abandonne la recherche symbolique.
Simone Alexandre
( photo : LOT )
14:34 Publié dans THEATRE | Lien permanent
26/09/2014
QUATRE MINUTES de Chris Kraus
5, Rue La Bruyère
75009 PARIS
(M° St-Georges)
Place. 01 48 74 76 99
Depuis le 17 SEPTEMBRE 2014
du mardi au samedi à 21h
samedi à 15h.
Pl. 38 € - 30 € - 22 €
Adaptation théâtrale d'après le film de CHRIS KRAUS,
Sylvia ROUX et Nycole POUCHOULIN
Mise en scène : Jean-Luc REVOL
avec Andréa FERREOL, Pauline LEPRINCE, Erick DESHORS, Laurent SPIELVOGEL
La pièce démarre avec la confrontation de Jenny (cette grande et belle captive au physique androgyne) pour l'heure rudoyée par son gardien Mutze. On comprend immédiatement que ces deux là ne se font pas de cadeau.
C'est pourtant grâce à lui qu'elle sera présentée à Frau Krüger, cette incroyable professeure de piano en la prison où va se dérouler la presque totalité de l'action. Jenny accusée de parricide a tout du fauve en cage, elle ne respecte rien ni personne et joue en permanence de la provocation avec un maximum d'agressivité.
Traude Krüger est une femme d'un certain âge, peu soucieuse de son physique et qui déclare ne vivre que pour la musique et la passion admirative qu'elle voue au souvenir de son Maître : Wilhem Furtwängler.
Or Jenny est en matière musicale une sorte de petit prodige, bien qu'elle ait visiblement une nette préférence pour le jazz, cette " musique de nègres " qui révulse le professeur du lieu.
La rencontre entre les deux femmes sera explosive mais fructueuse sur le plan artistique. L'atmosphère de la pièce est âpre comme seul le répertoire allemand en possède le secret.
On peine à reconnaître Andréa Ferréol dans un rôle où on n'aurait pu l'imaginer mais où elle utilise bien sûr, une autorité à toute épreuve sans pour autant négliger la subtilité du personnage, à une époque où dissimuler l'inavouable était le lot de ses semblables. (le tout aggravé par un lourd secret qu'elle finira par confier à son élève lors de confidences réciproques).
Quant à Pauline Leprince cette dernière révèle une énergie dévastatrice que les spectateurs ne sont pas prêts d'oublier !
Vous l'avez compris, les deux rôles féminins (fait rare au théâtre) sont les deux piliers de la pièce et par voie de conséquence, les personnages masculins interprétés respectivement par Erick Deshors (Mutze) et Laurent Spielvogel (le père) font plus figure de faire-valoir-explicatifs, exercice dans lequel chacun joue sa partition en s'impliquant avec conscience et précision.
Voilà une pièce marquante, en ce répertoire de rentrée qui devrait pour beaucoup et pour des raisons aussi diverses que variées se révéler incontournable.
Simone Alexandre
(Photos: LOT)
16:31 Publié dans THEATRE | Lien permanent