24/06/2012
Oleanna de David Mamet
LUCERNAIRE
(Centre National d'Art et d'Essai)
53, rue Notre Dame des Champs
75006 PARIS
Loc. 01 45 44 57 34
www.lucernaire.fr
du mardi au samedi à 20 heures
jusqu'au 1er Septembre 2012
Auteur du texte français : Pierre Laville
Mise en scène : Patrick Roldez
avec Marie Thomas et David Seigneur.
Huis clos entre un professeur et son élève. Confrontation houleuse avec basculement du pouvoir. Carole semble complètement introvertie, elle cherche ses mots, se dévalorise en permanence. John, brillant enseignant sur le point d'obtenir une promotion l'a convoquée après lui avoir communiqué le livre qu'il a écrit, sur lequel il voudrait recueillir son point de vue. Elle prétend ne pas en avoir, être complètement dépassée, n'avoir rien compris.
Le téléphone ne cesse de retentir et il est question de l'acquisition d'un terrain et de la maison idéale que l'homme pense pouvoir s'offrir dès que sa promotion sera officielle. Pourquoi s'intéresse t-il autant à cette jeune étudiante ? Tout simplement parce qu'il croit se reconnaître en elle et il voudrait lui permettre de brûler les étapes qu'il a péniblement franchies. Aveu imprudent qu'il va payer très cher !
David Mamet a l'art de disséquer les relations humaines, de mettre à nu ce que l'on a coutume de cacher, comme les complexes par exemple ...
Tant que cette étudiante voyait le Maître sans faille elle ne pensait pas s'attaquer à lui mais il va délibérément lui indiquer son tendon d'Achille, faute impardonnable aux yeux de quelqu'un qui a une revanche à prendre.
On s'étonne de la patience de l'homme et de la perversité hargneuse de l'élève et pourtant, combien de faits divers analogues ont durant ces dernières décennies vu le jour ?
Le pouvoir des associations féministes, un puritanisme galopant, tout concourt à faire le lit de ce genre de situation.
Les deux comédiens incarnent parfaitement les personnages et les spectateurs se trouvent happés par le drame auquel ils assistent, à cette manipulation qui les indigne tandis qu'une petite voix perverse leur souffle que les non-dits existent et viennent parfois troubler les meilleures consciences.
Une pièce très intelligente ce qui ne saurait nous surprendre venant de cet auteur.
Simone Alexandre
www.theatrauteurs.com
15:47 Publié dans THEATRE | Lien permanent
11/06/2012
Le Fond de l'ère effraie de Bruno Coppens
LA PEPINIERE-THEATRE
7, rue Louis Le Grand
75002 PARIS
(M° Opéra)
loc. 01 42 61 44 16
Pl. 29€ et 19€
du mardi au samedi à 19h.
Mise en scène : Eric de Staercke
Textes et interprétation,
Bruno Coppens
pianiste-comédien : Pierre Poucet
Qu'y a t-il de pire que de confondre un artiste avec un autre ? …
Sans doute de lui déclarer naïvement,
-" ma mère aime beaucoup ce que vous faites ! "
Pour le coup, véner il est, l'artiste en question ...
Lui dont les répliques fusent à la vitesse de l'éclair, assommé, il n'a même plus le réflexe de répliquer,
- " ça prouve au moins que moi, je perdure ! " …
Non, le moral dans les chaussettes il se traînera jusqu'au bar où il sait retrouver un copain afin de solliciter une thérapie de comptoir.
Cinquante balais ! brusquement notre homme réalise qu'il ne va pas tarder à dévaler l'autre versant de la montagne. C'est du moins ainsi qu'il perçoit les choses en la circonstance, alors histoire d'emprunter le remonte-pente, il utilisera les mots.
Calembours, contrepèteries, il fera feu de tout bois afin de prouver qu'il a encore du souffle. Inutile de chercher à noter un bon mot sur le bloc ouvert à cet usage, le stylo ne serait pas assez rapide car trois autres formules à l'emporte-pièce ont déjà traversé l'espace : scène-salle avant que la phrase en question soit notée.
Et on se dit immédiatement : " mais où va t-il chercher tout ça ? "
Riton, le barman qui a compris qu'il n'était pas près de fermer, s'installera au piano, ce qui nous permettra de constater qu'en plus, Bruno Coppens sait chanter et bien. Du coup, un piano à queue succédera au piano droit. Faut c' qui faut, n'est-ce pas ? Indubitablement, il y a du Raymond Devos et du Bobby Lapointe chez cet homme là !
Comme il sollicite le public, on peut même ajouter que certains soirs ce dernier a plus ou moins de talent et pour lui, ce n'est qu'un exercice d'équilibriste de plus.
Enfin, et pour conclure, si cet humour est belge, tout comme le célèbre petit bonhomme … il pisse dru.
Simone Alexandre
www.theatrauteurs.com
(Photos : LOT)
15:58 Publié dans THEATRE | Lien permanent
10/06/2012
Démangeaisons de l'Oracle - Florent Trochel.
THEATRE PARIS-VILLETTE
Parc de la Villette
75019 PARIS
(M° Porte de Pantin)
loc. 01 40 03 72 23
www.theatre-paris-villette.com
jusqu'au : 14 juin 2012
lun, mer, sam 19h30
mar, jeu, ven. 21h
Texte, réalisation et mise en scène,
Florent Trochel
Interprètes sur scène : Hugues Dangréaux, Fleur Sulmont, Eric Feldman
Interprètes du film : Hugues Dangréaux, Fleur Sulmont, Jean-Jacques Simonian, Sylvain Julien, Emmanuel Matte, Marie Piemontese
Musique : Olivier Mellano
Florent Trochel nous propose ici un spectacle complètement atypique alternant adroitement cinéma et théâtre. Certains objecteront que d'autres ont déjà conjugué ces deux modes d'expression mais pas de cette façon, pas avec une telle imbrication et un résultat aussi convaincant.
Ici, le temps est aboli, l'espace oscille entre souvenirs et instant présent entre fantasmes et réalité.
Nous plongeons tout d'abord dans l'univers d'une déchetterie, c'est le premier paysage apocalyptique, nous en rencontrerons un autre, un peu plus tard ...
Oedipe Werner était le directeur de cette entreprise qu'il quitte à l'instant même et non sans regrets, laissant tout ce qui fut sa vie derrière lui.
Il perdra un document en route et l'une de ses employés va courir après lui pour le lui rendre. Puis, il y aura l'agression. Double ! Il en résultera une cécité pour lui et une brusque clairvoyance. Oedipe ressemblera désormais à Tirésias.
Venezia, cette jeune fille, demi-soeur d'un délinquant qui était peut-être l'agresseur (?) puisque tout s'est déroulé si vite qu'elle n'aurait pu le reconnaître, va souhaiter que ces deux êtres se rencontrent et pas seulement physiquement car elle est convaincue qu'ils ont quelque chose en commun.
Le frère est un personnage peu recommandable alors que Werner qui fut sans nul doute un homme d'affaires redoutable a désormais la tête dans les étoiles.
Il collectionnait les papillons rares et en a emporté un, d'un bleu superbe dans une boîte ajourée ... Ils vont tous les trois partir vers un lieu improbable qui s'avérera un endroit désertique jonché de pierres et où rien n'éclôt en dehors de la perception de l'inéluctable.
Ce spectacle requiert toute l'attention du spectateur, lequel ne tarde pas à être happé par cette succession de situations elliptiques évoquées sans ordre chronologique, lesquelles nous condamnent à l'intelligence, démarche peu usitée actuellement. A voir et revoir pourquoi pas, afin de s'en repaître ...
Simone Alexandre
www.theatrauteurs.com
- photos : Fred KIHN -
16:00 Publié dans THEATRE | Lien permanent